La Révolution défaite

La Révolution défaite

  • Auteur : AÏACHE Daniel
  • ISBN : 978-2954361031
  • Disponibilité : En Stock
  • 15.00€



de Daniel Aïache (Auteur)

La Révolution défaite. Les groupements révolutionnaires parisiens face à la Révolution espagnole - Daniel AÏACHE

La Révolution espagnole a porté, sur une brève durée, les espoirs révolutionnaires, à un point jamais atteint jusque là. «  L’anarchisme a réellement conduit, en 1936, une révolution sociale et l’ébauche la plus avancée qui fut jamais d’un pouvoir prolétarien  » notait Guy Debord. Pendant un temps, ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler une guerre civile a été une révolution transformant radicalement toute une société.

La défaite de la Révolution espagnole, son écrasement conjoint par les nationalistes et les staliniens ferme le cycle ouvert par la Révolution française.
Les pratiques, les rêves, les utopies qui s’y étaient réunis cessent d’exister ou doivent se recomposer sous d’autres formes.
Dans le déroulement même de la Révolution espagnole, Paris a joué le rôle d’une base arrière. Paris s’est trouvé être tout à la fois le lieu de préparation,
de concentration des actions staliniennes, le lieu de la solidarité révolutionnaire et le point de rassemblement de toutes les tendances politiques qui
faisaient de la Révolution espagnole l’enjeu vital de l’époque. C’est essentiellement à Paris que se forment les mythes et les idéologies qui façonnent
encore l’imaginaire de la “Guerre civile”.
L’observation des révolutionnaires parisiens permet une vision plus claire de l’espoir suscité par cette Révolution, mais aussi des dérives qui ont provoqué son échec. Les révolutionnaires parisiens ne sont pas de meilleurs révolutionnaires que leurs camarades espagnoles, au contraire leurs formations sont affaiblies et loin de la force d’une CNT. C’est de leur position excentrée que leur vient leur rôle de gardien de l’utopie révolutionnaire.
Toute la mouvance radicale parisienne est secouée et traversée par ce qui se passe de l’autre côté des Pyrénées. Tous ces groupements font face au dilemme
généré par le Komintern : Révolution sociale ou combat antifasciste. Ils perçoivent immédiatement que l’idéologie antifasciste recouvre et écrase
la révolution en cours.
Ces révolutionnaires sont de tous les combats et consacrent toutes leurs énergies et, parfois, leurs vies à ce qui leur semble le dernier espoir de
Révolution. Pierre Besnard, André Prudhommeaux, Michel Collinet, Robert Louzon, David Rousset, Charles Ridel, Victor Serge, Benjamin Peret, Nicolas Lazarevitch ou Simone Weil sont des noms parmi d’autres de ceux qui informent, acheminent des armes ou combattent directement.
Les défaites successives contre les ennemis franquistes ou staliniens les laissent désemparés et tous doivent repenser leur rapport à la politique et à
la Révolution.
 
ISBN 978-2-9543610-3-1
Format 15 x 21 cm - 210 pages.

Daniel Aïache

 

Mis en ligne sur le site de France Culture

Daniel Aïache : La Révolution défaite. Les groupements révolutionnaires parisiens face à la révolution espagnole (Editions Noir et Rouge)

Paris qui constitua une base arrière pour de nombreux révolutionnaires espagnols et dont une partie de l’intelligentsia soutenait activement la révolution, notamment à travers les revues, en particulier celle de Boris Souvarine La Critique sociale qui avait recruté deux grandes plumes : Georges Bataille et Simone Weil, laquelle exprime ainsi ses différends avec le premier sur la question de la révolution : « La révolution est pour lui le triomphe de l’irrationnel, pour moi du rationnel ; pour lui une catastrophe, pour moi une action méthodique où il faut limiter les dégâts ; pour lui la libération des instincts et notamment ceux considérés comme pathologiques, pour moi une moralité supérieure »

http://www.franceculture.fr/emission-l-essai-et-la-revue-du-jour-paul-nizan-journaliste-revue-aden-2014-04-29

 

ESPAGNE. Daniel Aïache a étudié les répercussions de la Révolution espagnole chez les révolutionnaires parisiens (anarchistes, marxistes révolutionnaires, trotskistes). Paris a joué le rôle de base arrière : c’était un lieu pour la préparation de la contre-révolution stalinienne mais aussi de solidarité envers les forces révolutionnaires. Tous les groupes durent faire face au dilemme : révolution sociale ou combat antifasciste. Ils ont informé, acheminé des armes ou combattu directement.

 

 

Revue « N’Autre école », n° 37 , hiver  [mars] 2014, p. 56

Paris-Barcelone

Aborder la révolution espagnole de 1936 du côté de ces soutiens, plus ou moins critiques, plus ou moins clairvoyants, c’est ce que nous proposent les Éditions Noir et rouge avec La Révolution défaite, enquête riche en découvertes et sans concession sur les réseaux de solidarité qui se sont organisés en France dès le déclenchement de l’insurrection en juillet 1936. On y apprend beaucoup, grâce à un méticuleux travail sur les archives. Deux autres ouvrages intéressants sont également à découvrir: Histoire de la mouvance anarchiste de notre ami Frank Mintz et L’Affaire Durand de Patrice rannou. (Site: editionsnoiretrouge.com).

 

 

 

La révolution défaite : les groupements révolutionnaires parisiens face à la révolution espagnole par Daniel Aïache. Noir et rouge, 2013. 131 pages. 16 euros. CIRA

Feuille 159, CIRA de Marseille, 17.03.14

Daniel Aïache, La révolution défaite. Les groupements révolutionnaires parisiens face à la révolution espagnole, Paris, Noir et rouge, 2013, 130 pages, 16 €.

 

 

13 mars 2014

Par dissidences

Un compte rendu de Georges Ubbiali

Comme son sous-titre l’indique, cet ouvrage se propose d’analyser la manière dont les groupes révolutionnaires français se sont positionnés face à la révolution espagnole. Basé quasi uniquement sur une littérature de seconde main (comme l’atteste la place des archives dans la bibliographie) et sur le dépouillement de la presse, cet ouvrage représente une bonne et utile synthèse sur la réception du mouvement espagnol dans leshttp://cdncache-a.akamaihd.net/items/it/img/arrow-10x10.png étroits cercles d’extrême gauche français au moment du Front populaire. Le propos se déploie en trois temps. Dans une première partie, l’auteur propose un portrait de ce milieu révolutionnaire parisien dans ses différentes composantes, ainsi qu’en Espagne. Si outre-Pyrénées, le mouvement libertaire occupe une place prépondérante (CNT et FAI), en revanche, dans l’hexagone le mouvement anarchiste est confidentiel. En outre, il est émietté entre différentes organisations, qui ne cultivent pas particulièrement le sens de l’unité. L’Union Anarchiste (UA) constitue le pilier de ce milieu anarchiste, auquel il faut ajouter la CGT-SR et la FAF. Le POUM n’a pas réellement de correspondant en France, même s’il cultive une certaine proximité avec les organisations trotskystes ou la gauche socialiste de Marceau Pivert. A ces milieux, il faut ajouter des revues comme Critique sociale, La Révolution prolétarienne et les intellectuels et artistes révolutionnaire (Simone Weil, les surréalistes…). Dans un premier temps, ces minorités s’enthousiasment pour le mouvement révolutionnaire qui se développe en Espagne, même si le poids du pacifisme divise fortement l’élan de solidarité. On retrouve ainsi des révolutionnaires (autour de Marceau Pivert par exemple, ou, plus étonnant Simone Weil, qui tout en partant combattre en Espagne soutient la non-intervention1) qui soutiennent la position de Léon Blum de ne pas intervenir en Espagne, au nom du refus de l’extension de la guerre. Cette place du pacifisme, qui clive donc fortement le mouvement de solidarité, n’empêche pas bon nombre de libertaires de partir combattre en Espagne, tandis que fleurissent plusieurs comités visant à rassembler des fonds pour les miliciens espagnols. Un collectif unissant toutes les composantes libertaires est même mis sur pied, mais, très rapidement, les dissensions l’emportent de nouveau. En ce qui concerne les forces combattantes, retenons qu’elles sont bien faibles par rapport à ceux qui partent combattre dans les Brigades internationales (de l’ordre de 10 000 hommes, contre moins de 1 000 hommes pour l’ensemble de l’extrême gauche). En outre, les combattants espagnols pressent leurs camarades français de rester en France pour y développer la propagande, bien plus utile à leurs yeux que l’envoi d’hommes pour le front. Les révolutionnaires français auraient pu jouer un rôle important dans deux aspects : la livraison d’armes pour les milices (avant l’intervention soviétique) et la question de l’indépendance de la zone espagnole au Maroc. Mais ces deux tentatives échouent, pour des raisons différentes.

Très rapidement, la place subordonnée du processus révolutionnaire en Espagne par rapport à la stratégie antifasciste, impliquant l’union de toutes les forces républicaines, tend les relations entre les révolutionnaires français et leurs homologues espagnols. La politique de la CNT de désarmer les milices, de contenir la révolution fait l’objet de très vives critiques de ce côté-ci des Pyrénées. Cette divergence d’appréciation amène même la CNT espagnole à supprimer les financements qu’elle accordait pour l’édition de journaux favorables à la cause espagnole en France. Certains libertaires, tel André Prudhommeaux, analysent la position des libertaires espagnols comme une trahison de la révolution. L’Union anarchiste devient le pivot de la politique « front populiste » de la CNT dans l’hexagone, provoquant une scission dans le mouvement libertaire de solidarité, avec au cœur, l’appréciation de la politique de la CNT et de la FAI. Daniel Aïache fait œuvre utile en rappelant combien les libertaires se sont montrés critiques à l’égard des Espagnols. Le cas de Pierre Besnard est particulièrement significatif (lire p. 93 et suivantes le rapport que ce dernier a préparé pour le congrès extraordinaire de l’AIT de décembre 1937, qui constitue une pièce particulièrement virulente contre l’action cénétiste). L’évocation du livre s’arrête en 1937, après la répression stalinienne et l’assassinat de Andres Nin, Camillo Berneri ou Kurt Landau. On regrettera la conclusion, centrée sur la réaction des intellectuels (Bataille, Weil, Souvarine) qui laisse de côté l’analyse des composantes organisées. Malgré les quelques limites soulevées ici, cet ouvrage fait œuvre utile en rappelant la gravité des divergences qui se sont fait jour en parallèle du développement historique du mouvement espagnol. Fort de leur soutien, les anarchistes français de cette période (du moins une partie significative d’entre eux) se sont fortement démarqués de l’action conduite au nom de leur idéologie en Espagne, loin des commémorations a-critiques qui fleurissent de nos jours sur la révolution espagnole.

1Daniel Aïache cite ainsi un texte de Simone Weil (note 35, p. 62) où cette dernière déclare : « C’est que je me refuse pour mon compte personnel à sacrifier délibérément la paix, même lorsqu’il s’agit de sauver un peuple révolutionnaire menacé d’extermination ». 

Daniel Aïache, La révolution défaite. Les groupements révolutionnaires parisiens face à la révolution espagnole, Paris, Noir et rouge, 2013, 130 pages, 16 €.

13 mars 2014 [http://dissidences.hypotheses.org/4429]

 

 

La Révolution défaite

Les groupements révolutionnaires parisiens face à la révolution espagnole

Daniel Aïache, éd. Noir et Rouge, 136 p. (+ 8 p. de photos), 16 euros.

À partir de Paris, véritable « base arrière », Simone Weil, David Rousset, Victor Serge ou Pierre Besnard furent quelques-uns de ces volontaires français qui aidèrent la République espagnole en lutte contre son écrasement par les franquistes et les fascismes européens. En son sein, les anarchistes de la CNT, vraie organisation de masse, œuvrent à réaliser une « révolution ». Selon Guy Debord, « l’ébauche la plus avancée qui fut jamais d’un pouvoir prolétarien ». On sait qu’elle se termina par la défaite, largement minée à l’arrière par les envoyés du Komintern stalinien. Ce petit livre précieux vient en rappeler le souvenir et l’épopée, qui interroge sur l’internationalisme et la stratégie dans les luttes sociales.

Politis  13 février 2014 [https://www.politis.fr/Parutions-de-la-semaine,25636.html]